Chroniques d’un tour du Mont-Blanc avorté

Tout était prêt, les congés étaient posés, la motivation était à son comble… Malheureusement, la météo a décidé de nous jouer des tours dont nous nous serions bien passés sur ce tour du Mont-Blanc.

Tour du Mont-Blanc – Prologue.

Lundi 07/07 : après 4h00 de route sous la pluie et les nuages et un pique-nique dans le brouillard sur une aire d’autoroute, nous arrivons aux Houches où nous allons passer la nuit au gîte Michel Fagot.

Les sommets sont dans les nuages. Nous profitons du temps qu’il nous reste dans l’après-midi pour aller faire un tour à Chamonix prendre la météo à l’office du Tourisme et faire quelques provisions pour les premiers jours de notre randonnée. Météo France est pessimiste pour les jours à venir et n’annonce rien de bon : il est prévu de la pluie jusqu’à au moins jeudi, voire vendredi, mais ce n’est qu’une tendance. Pour nous mettre en appétit, nous prenons notre première rincée dans la rue principale.

Retour aux Houches, rencontre avec un de nos voisins de chambrée qui a tout planifié en détail et nous propose une variante pour monter à Bellevue le lendemain depuis le « centre ville » et éviter une partie des pistes de ski que suit le GR. Nous verrons bien en fonction de l’endroit où l’on gare la voiture. La pluie nous laisse un répit pour aller et revenir à pied dans un des restaurants du coin. Croute au fromage et retour au gîte pour passer la nuit.

Tour du Mont-Blanc – Jour 1 : Les Houches – Chalets de Miage.

Mardi 08/07 : la nuit n’a pas été terrible et nous sommes réveillés dès 6h00 du matin par notre cher voisin alors que le déjeuner ne se prend qu’à partir de 7h00. Premier point météo : il pleut :-(. Nous verrons bien après le petit-déjeuner. La motivation est toujours là mais ça commence mal quand même. Nous prenons notre temps après le copieux petit-déjeuner pour nous préparer en espérant une petite amélioration. Nous partons dans les derniers mais ça ne change rien au niveau du temps…

Une fois la voiture garée sur le parking du téléphérique de Bellevue, nous attaquons notre périple sous la pluie. Il ne fait pas bien chaud et le démarrage est difficile sur la route goudronnée qu’il faut suivre pendant un moment. La veste en Gore-Tex va vite prendre l’eau et la montée vers le col de Voza par la route et les pistes de ski n’est vraiment pas intéressante (d’autant plus quand on est trempé…). Même les juments et leurs poneys rencontrés à proximité du col n’ont pas l’air très joyeux !! Après presque 2h00 de montée nous arrivons au col de Voza (1653 m).

Pause à la « gare » du Tramway du Mont-Blanc où nous essayons de faire sécher les vestes sous le sèche-mains des sanitaires. La température extérieure est de 6°C et nous sommes quasiment la tête dans les nuages. Il pleut toujours…. Le conducteur d’Anne (une des motrices du tramway) annonce de la neige au Nid d’aigle (point de départ de la voie normale du Mont-Blanc). Au vu de ces informations et de la pluie toujours présente, nous décidons de ne pas faire la variante du col de Tricot (2120 m).

Nous redescendons donc vers le village de Bionnassay (ou Bionnasset). C’est toujours de la piste ou de la route, mais les chalets sont jolis à voir et en plus, la vue sur les montagnes est inexistante. Après avoir traversé le village, nous enchaînons sur un sentier qui va nous faire traverser le torrent de Bionnassay. Le débit est très important. La pluie s’est calmée et nous continuons notre descente dans les bois et leurs immenses sapins (ou épicéas ?) vers le hameau de Champel.

A Champel, je propose à Nathalie de choisir entre le GR TMB qui continue sa descente vers les Contamines, ou le GRP Tour du Pays du Mont-Blanc qui va vers les Chalets de Miage. Elle choisit la seconde proposition et nous repartons donc vers la zone de bivouac prévue initialement (Chalets du Truc). Le sentier doit passer au dessus des Gorges de la Gruvaz et ça attaque d’entrée par une rude montée sous les sapins. C’est le moment que choisit le pluie pour refaire son apparition. Nous débouchons enfin de la forêt après avoir remonté près de 400m de dénivelé, ce qui correspond à peu près au dénivelé descendu depuis Voza… La vue sur les chalets de Miage nous pousse à avancer malgré les chaussures et les habits détrempés par la pluie et le sentier inondé.

Arrivés au refuge de Miage (1560 m), je décide d’aller demander s’ils ont deux places pour dormir en dortoir, car après cette journée sous la pluie, nous n’avons pas envie de dormir sous la tente, ni de continuer jusqu’au refuge du Truc, ce qui nous imposerait encore 30 minutes de montée sous la pluie. Coup de bol on peut dormir et manger au chaud ce soir !! En plus il y a une pièce où nous pouvons faire sécher nos affaires et des douches chaudes 🙂 !!

L’accueil est sympa, nous pouvons manger notre casse-croute à l’intérieur. Nous passons le reste de l’après-midi en mode repos au chaud et au sec. La pluie va se calmer en début de soirée mais nous ne verrons jamais les sommets environnants pris dans les nuages. Nous pouvons juste voir qu’ils ont bien étés saupoudrés de neige fraiche. Le col de Tricot se laisse entrevoir et ceux qui en descendent font état de neige et descente dans un torrent boueux ! Nous avons bien fait de l’éviter ! Un bon repas dans la « Remise » (terrasse couverte) à base de potage, d’omelette aux pommes de terres, fromage de pays et tarte aux myrtilles et direction le dortoir pour une nuit de repos bien méritée.

Environ 5h00 de marche pour 1700 m de D+ et 1100 m de D-.

Tour du Mont-Blanc – Jour 2 : Chalets de Miage – Bivouac de la Balme.

Mercredi 09/07 :  réveil dès 6h30 par le groupe du dortoir d’à coté qui n’a pas compris que la cloison entre les deux dortoirs était très légère… Petit déjeuner sympa avec les confitures maison et nous voilà prêts à partir. Tout est rangé dans les sacs, les affaires sont sèches, nous pouvons donc attaquer l’ascension vers le chalet du Truc situé 200 m plus haut. Le temps est humide mais il ne pleut pas.

Nous commençons à peine à être chaud dans cette montée boueuse quand dans un moment de réflexion, au bout de 15 minutes de montée, je m’aperçoit que je n’ai pas mon chapeau sur moi. Je sais bien que le soleil se fait rare mais bon… 2 minutes de réflexion et je me souviens que je l’ai posé la veille à l’entrée du refuge quand nous sommes arrivés et qu’il est surement resté au même endroit. Je laisse Nathalie et le sac sur place et je redescends tout ce que nous venons de monter 🙁 pour aller le récupérer. Il est bien là où je l’avais laissé !! Et c’est repartit pour la montée sur le chemin boueux. C’est quand même beaucoup plus facile et rapide sans sac !! Nous pouvons maintenant reprendre là où nous avions stoppé. 20 minutes de perdues ! Nous arrivons enfin au Chalet du Truc (1750 m).

C’est partit pour une longue descente de 2h00 en partie sur sentier puis par une piste assez raide. Nous sommes toujours épargnés par la pluie et ne tardons pas à rejoindre les Contamines-Montjoie où nous faisons une petite pause pour acheter de quoi manger pour les prochains pique-niques. et retirer un peu de liquide. Nous cherchons un petit moment le sentier car il n’est pas indiqué quand on arrive de Miage et du Truc. Il suffit en fait de suivre la route jusqu’au premier pont pour rejoindre la piste qui va tranquillement, en fond de vallée, jusqu’à la basilique mineure de Notre Dame de la Gorge. Malheureusement la pluie (diluvienne) se remet à tomber. Nous nous nous posons donc sur le banc devant la basilique pour manger à l’abri.

Après 1h dans le froid, visite de la chapelle, réchauffage aux cierges, observation du car de japonais tous équipés au top de la technologie gore-tex, nous décidons de repartir malgré la pluie qui ne s’arrête pas. Nous tentons au préalable de savoir s’il y a des places au Chalet de la Balme, mais la réponse est négative. Nous verrons bien… Ça se met à bien grimper le long du torrent de Bon Nant. On suit les gorges du torrent jusqu’au Pont romain de la Téna. Pas trop le temps de regarder le paysage vu le temps, mais le passage du pont est assez impressionnant au dessus des marmites et cascades. Nous rattrapons le groupe de japonais qui s’arrête régulièrement prendre des photos de tout est n’importe quoi. Petit arrêt au Chalet de Nant Borrant pour voir s’ils ont de la place mais c’est complet. Nous repartons donc derrière nos japonais sous la pluie…

La remontée de la vallée de la Rollaz se fait plutôt longue sous la pluie battante. Ce qui est marrant c’est que lorsque l’on double les groupes de japonais, tout le monde s’arrête sur instruction des derniers pour nous laisser passer. Il y a quelques vaches dans les prés mais elles font la tête aussi :-). 30 minutes avant le Chalet de la Balme, nous essuyons une pluie torrentielle ce qui nous incite à s’arrêter là. Nous venons de marcher 1h30 sous la pluie et le col du Bonhomme est complètement dans les nuages. Par contre les gérants du chalet ne veulent absolument pas faire d’efforts envers ceux qui n’ont pas réservé. Nous passons l’après-midi dehors et dans le froid au cas où de la place se libèrerait, mais la réponse est la même pour tous ceux qui arrivent et qui avaient prévus de dormir dehors. Nous finirons par nous mettre une petite heure « au chaud » dans la salle de restaurant. L’occasion de discuter avec une photographe américaine (arrivant d’Alaska !!) qui nous prend pour des héros quand elle apprend que nous allons dormir sous la tente, et un groupe de français en rando organisée.

Tout le monde est ensuite mis dehors pour que les gérants puissent mettre la table pour les demi-pensionnaires et lorsque je demande si on peut cuisiner quelque part on me répond qu’il n’y a nulle part hormis devant les « sanitaires publics » situés à 500 m de l’aire de bivouac !!!!! Nous partons donc avec un groupe de trois jeunes et un bonhomme tout seul (qui porte sa tente à la main toute la journée) pour aller planter la tente en face, profitant d’une légère accalmie. Montage rapide de la tente, on se met direct dans les duvets et mangeons froid dans la tente car nous n’avons pas le courage de faire la popote devant les sanitaires :-(. C’est partit pour une nuit très humide et fraiche !!

Petite étape de 4h30 aujourd’hui pour 750 m de D+ et 600 m de D-.

Tour du Mont-Blanc – Jour 3 : Bivouac de la Balme – Les Chapieux – Bourg-Saint-Maurice.

Jeudi 10/07 : réveil matinal pour ma part, très mauvaise nuit. Il n’y a eu que 5 minutes de répit qui nous on permit de satisfaire des besoins naturels… Vu qu’il pleut toujours nous attendons donc dans la tente jusqu’à 8-9 h mais ça ne se calme pas. Il a également neigé juste au dessus et tout est blanc en direction du col du Bonhomme… Nous rejoignons vite fait nos « sanitaires publics » pour faire sécher un peu les affaires et la tente avant de partir. Les 3 jeunes ne repartent qu’à deux car la seule fille du groupe redescend sur les Contamines. Les deux gars nous donnent rendez-vous ce soir au refuge des Mottets mais je suis déjà pessimiste à ce sujet. Nous patientons encore un peu et c’est le grand départ. Il faut remettre la veste mouillée, ce qui s’ajoute à l’une de mes chaussures qui fait office de baignoire depuis que quelqu’un(e) à oublié de la remettre sous la tente lors de notre sortie express nocturne…

Premier petit raidillon à froid avant le plan Jovet qui marque la limite boue/neige :-). Nous sommes relativement en forme en ce troisième jour et doublons pas mal de monde. Nous attaquons donc seuls l’ascension du Bonhomme. La pluie se transforme en neige et nous pouvons « sécher » un peu avec le vent qui souffle. Pas besoin de chercher le chemin, il suffit de suivre la trace. Par contre niveau paysage ça ne s’arrange pas puis que nous nous rapprochons de plus en plus des nuages. Nous respectons à peu près les temps du topo et atteignons, presque par surprise tellement tout est blanc, le Col du Bonhomme (2329 m) en 2h00.

Petite pause photo pour capter l’ambiance et nous repartons vers la croix du Bonhomme. A partir de là nous voyons de moins en moins le paysage puisque nous sommes dans les nuages. Avantages : il ne neige quasiment plus. Autre avantage : le sentier est probablement plus facile dans la neige et c’est presque ludique !! Nous croisons deux trois personnes et finissons par arriver totalement dans le brouillard à la borne, puis au refuge du Col de la Croix-du-Bonhomme (2430 m). On ne voyait pas le refuge à moins de 100 m. Heureusement que la trace était faite !! Pause séchage, réchauffage et ravitaillement à coup de spaghettis carbonara !!

Une heure de pause et nous repartons pour une longue descente en direction des Chapieux. Il n’est pas question par ce temps de prendre la variante du Col de Fours même si un groupe de l’UCPA a fait le chemin en sens inverse. Nous allons faire 400 m de descente dans la neige puis 500 m de descente dans l’eau et la boue. Tout ça sous la pluie qui ne va pas tarder à refaire son apparition. Répit de courte durée… Nathalie tente un concours de chutes et glissades qu’elle va gagner haut la main ce qui la fatigue de plus en plus. Nous commençons à en avoir vraiment marre. Je commence à réfléchir à des solutions pour quitter cette vallée. Une fois arrivés au village des Chapieux (1550 m) nous nous dirigeons donc directement vers la cahutte de l’office du tourisme pour faire un point météo et voir si nous prenons la navette vers la ville des Glaciers.

La météo annonce encore de la pluie pour trois jours, le refuge des Mottets est plein, la neige nous attend juste au dessus pour franchir le Col de la Seigne… Nous décidons donc d’arrêter notre tour du Mon-Blanc ici. Ça tombe bien, la navette peut nous ramener (moyennant finances) sur Bourg-Saint-Maurice où nous passerons la nuit à l’hôtel.

Arrêt de notre tour du Mont-Blanc après environ 5-6 heures de marche, 780 m de D+ et 920 m de D-.

Tour du Mont-Blanc – Jour 4 : Bourg-Saint-Maurice – Les Houches (en train).

Vendredi 11/07 : rien de particulier sur cette étape :-), si ce n’est qu’il faut 7h00 de car + train avec 4 changements pour faire Bourg-Saint-Maurice -> Les Houches avec la SNCF alors que nous ne sommes pas si loin que ça à vol d’oiseau :-). Petite pause tartiflette à Annecy, ce qui nous permet de croiser Geneviève de Fontenay à la gare. Elle est facile à reconnaitre ;-). Nous aurons quand même droit à 45 minutes de retard sur le Train Mont-Blanc Express !! Nous avons même droit à notre pluie quotidienne au moment où nous quittons la gare des Houches pour aller chercher la voiture à pied à une demi-heure de là !! Nous avons quand même un peu de chance, il y a de la place au gîte Michel Fagot.

Photos.

Le Plan Jovet sous la neigeRetrouvez d’autres photos de la randonnée ici.

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